Une Orphidienne possède des talents d'adaptation au monde vraiment extraordinaires. Sans Eurydice, Orphée serait sans doute resté un doux illuminé prêchant je ne sais quel culte solaire sur les flancs rocailleux d'une Montagne de Thrace. Jugé peu sérieux, il eut sans doute été déchu de ses titres de Prince et laissé en paix dans ses chants et rêveries.
Mais voilà, l'Orphidienne est le complément parfait, l'épaule sûre, le double exact. Et les hommes et les femmes viennent de toute la Grèce écouter le verbe magique d'Orphée.
Aglaonice, la prêtresse d'Hécate est totalement déstabilisée, folle de rage et de haine. Tout son pouvoir s'éffondre. Elle n'a d'autre choix que d'essayer de détruire le nouveau culte naissant et donc de s'en prendre au pilier principal, non pas Orphée mais bel et bien Eurydice.
Il se passe alors cette chose connue des seuls Orphidiens, l'abandon par les anges de liaison. Tant que ceux ci continuent d'envoyer leurs messages, ils savent qu'ils peuvent déjouer tous les pièges. Ils en sont toujours avertis par avance, avec des indications précises pour y faire face. Mais Abandonnés par les anges de liaison, ils savent que l'heure de la mort est proche.
Eurydice sera empoisonnée par Aglaonice. C'est de là que vient la légende de la morsure de serpent. Jésus ne disait-il pas de ses ennemis qui juraient sa mort: "vous êtes des races de vipères". C'est le même symbolisme, un parallèle de plus.
Eurydice morte, Orphée sait que son tour est proche. Il n'est pas fou de douleur comme l'on raconte de façon simpliste car c'est totalement ignorer cette porte ouverte sur la mémoire cachée à l'intérieur d'un Orphidien. Ceux qui disent cela commettent toujours cette erreur qui consiste à raisonner à leur façon, sans pouvoir imaginer un seul instant que ces êtres de la plus extrême rareté ne craignent absolument pas la mort car eux savent pour partie ce qu'il y a de l'autre coté. Ils ont fait au moins une fois de façon consciente le voyage et ils savent qu'après la mort, ils accéderont à la totalité de cette mémoire cachée et qu'ils pourront boire l'eau de Mnémosyne. Ils n'ont absolument pas peur de cela donc, et Orphée sait qu'il retrouvera Eurydice de l'autre coté. Mais il ne peut se suicider, il doit attendre le coup fatal. Pour hâter cela, il chante comme jamais son amour pour Eurydice, il raconte des tas d'histoires merveilleuses et la magie du verbe opérant, de nouveau des foules immenses viennent écouter l'Hiérophante sacré.
Aglaonice est folle de jalousie, ses temples d'Hécate sont désertés, tous veulent écouter la douce musique d'Orphée, ses paroles d'amour et de paix qui peuvent rendre dociles même les pires bêtes féroces. Il ne reste plus à la prophétesse de malheur qu'à assassiner Orphée, de façon sanglante et visible pour montrer à tous qu'il n'est qu'un homme, qu'il n'a pas la protection des Dieux. Elle passe à l'acte, transperce Oprhée de son glaive et avec quelques chefs de clans emplis de haine contre le nouveau culte qui brisait leurs petits pouvoirs de roitelets, elle lui fait trancher la tête.
"Voyez, clame t'elle, voyez donc. Cet Orphée n'est rien. Il s'est laissé immoler comme un agneau. Est cela que vous vouliez comme chef, comme Grand Prêtre ?"
Mais les anges de liaison agirent de façon puissante sur cette foule en folie qui s'écria:
"Qu'avons nous fait ! Nous avons laissé assassiner le juste ! " Leurs yeux venaient de se dessiller. Le légende d'orphée commençait. Il allait devenir l'âme même de la grèce.
